35 ans d’engagement envers les personnes victimes
24 mai 2023
C’est en 1988 que les deux premiers Centres d’aide aux victimes d’actes criminels voient le jour à Québec et Montréal à la suite de l’adoption de la Loi sur l’aide aux victimes d’actes criminels. Des initiatives qui donnent notamment suite aux représentations faites par l’Association québécoise Plaidoyers-Victimes (AQPV) pour qu’on reconnaisse les droits des personnes victimes et qu’une place leur soit faite au sein du processus judiciaire.
Depuis, 35 années se sont écoulées et 15 autres CAVAC ont ouvert leurs portes dans toutes les régions du Québec. Des partenariats se sont établis avec les corps policiers, les acteurs judiciaires et les autres ressources et organismes d’aide. Notre approche est devenue proactive et nos services plus complets, continus et spécialisés alors que la clientèle n’a pas cessé d’augmenter et nos équipes d’élargir.
Ce qui ne change pas avec les années, c’est notre volonté de venir en aide aux personnes victimes d’actes criminels. De leur offrir tout le soutien, les outils et les informations nécessaires pour leur permettre, selon leurs besoins et à leur rythme, de limiter les conséquences du crime sur leur vie et de cheminer vers une reprise de pouvoir. Si nous arrivons à faire la différence dans la vie des gens qu’on accompagne, c’est grâce à tous ceux et celles qui composent le Réseau des CAVAC. C’est grâce à leur engagement depuis tant d’années envers notre importante mission.
Myriam Larre, directrice clinique
Le CAVAC Outaouais tatoué sur le coeur depuis 32 ans
Myriam a toujours voulu travailler en relations d’aide, être au service de ceux qui ont besoin de soutien et de justice. Contribuer à ce que notre société se porte mieux. Après avoir complété un baccalauréat en sexologie et travaillé brièvement en maison d’hébergement, c’est au sein du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de l’Outaouais qu’elle trouve sa place en 1992.
Comme bien d’autres CAVAC, l’équipe est à cette époque uniquement composée d’une direction générale et d’une intervenante. Les services de l’organisme étant sommes toutes assez nouveaux et peu connus des personnes victimes, tout est à faire… même le ménage !
« Les personnes victimes entraient au compte-gouttes dans nos services qui étaient encore trop méconnus. On offrait du suivi psychosocial et de l’accompagnement à la Cour, mais on s’occupait aussi de faire le ménage des locaux, d’organiser des campagnes de financement et toute autre tâche connexe », lance-t-elle en riant.
Ce sont surtout les liens avec les partenaires qui sont à bâtir et la promotion des services auprès des personnes victimes qui est à faire. C’est donc là-dessus que se concentrent Myriam et sa directrice générale dans les premières années. Bien vite, la valeur de leur travail est reconnue et appréciée par les acteurs judiciaires et les policiers et la collaboration s’installe tout naturellement. Leurs partenaires aiment avoir accès à une ressource qualifiée dédiée aux personnes victimes et aux proches.
« Je me souviens en 1998, je travaillais comme intervenante au palais de justice de Gatineau lorsqu’un témoin important dans un dossier de meurtre décide, visiblement contrarié, de quitter le bureau du procureur. Il ne veut plus collaborer, il ne veut plus rien savoir. J’ai passé deux heures à lui parler. Il s’est calmé et a accepté de témoigner, au grand soulagement du procureur et de l’enquêteur. »
Au cours des années qui suivent, les points de services dans les palais de justice et postes de police de la région se multiplient et l’équipe s’agrandit pour compter aujourd’hui une trentaine d’employés. Myriam devient responsable clinique en 2008 et directrice clinique en 2012.
Depuis, elle oriente les intervenant.es dans leurs interventions, les assiste dans la mise en place de nouveaux programmes, développe des outils d’intervention, s’assure des bonnes pratiques, met en place de nouvelles procédures, gère les horaires, prévoit les formations et bien plus. Un travail qu’elle accomplit avec une passion contagieuse et une affection évidente pour son équipe dont elle parle les yeux mouillés d’émotions.
Marie-Claude Côté, directrice générale
Diriger le CAVAC Laval avec passion depuis 25 ans
C’est avec son baccalauréat en criminologie en poche que Marie-Claude Côté découvre la victimologie en faisant du bénévolat au CAVAC de Québec au début des années 90, chose qui n’est d’ailleurs plus possible depuis de nombreuses années dans les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels. Elle travaille toutefois pendant plus de sept ans auprès des jeunes contrevenants avant de faire un retour aux sources et d’être embauchée à titre de directrice générale du CAVAC Laval en 1997.
L’organisme ayant ouvert ses portes sept ans auparavant compte alors deux intervenantes, une réceptionniste et deux stagiaires. Toutes travaillent dans un petit appartement 5 ½ déguisé en espace de bureau. Bien qu’identifié et espéré par l’équipe, aucun local n’a encore été aménagé au palais de justice pour le CAVAC. À cette époque, il faut dire que les intervenantes ne font pas beaucoup d’accompagnement à la Cour, mais principalement des suivis psychosociaux majoritairement en lien avec la violence conjugale.
25 ans plus tard, le portrait n’est plus du tout le même au CAVAC de Laval. Le siège social a été agrandi à deux reprises pour accueillir l’équipe maintenant composée de près de 30 employé.es. Comme dans les autres régions, les partenariats se sont solidifiés au fil des années menant à une présence permanente des intervenantes au palais de justice et au poste de police. L’approche proactive pour rejoindre les personnes victimes, qui est possible notamment grâce aux protocoles d’entente avec les corps policiers et aux programmes d’informations, a véritablement changé la donne pour l’ensemble des CAVAC selon Marie-Claude. La clientèle a ainsi pu être informée des services disponibles beaucoup plus rapidement et de façon systématique.
« La proportion de personnes victimes qu’on est capable de rejoindre depuis est beaucoup plus élevée. On n’attend pas qu’elles aient des besoins pour leur dire qu’on existe, nous sommes présents à toutes les étapes pour offrir nos services. Les demandes ne cessent d’augmenter tout comme notre volonté à s’adapter aux besoins de notre clientèle ».
Marie-Claude est si fière de cette évolution et des multiples projets et initiatives développés au fil des années au bénéfice des personnes victimes. Elle est fière de contribuer à remplir la mission unique et si importante qu’est celle du CAVAC, sans lequel de nombreuses personnes ayant besoin d’aide ne sauraient vers qui se tourner. Elle n’en revient pas de la passion qui continue de l’animer depuis toutes ces années.
Jean-Marc Labrunette, agent d’intervention
Sur le terrain depuis 23 ans au CAVAC Bas-Laurent
Français d’origine et détenteur d’un diplôme en carrière sociale de l’Université de Bordeaux, c’est par pur hasard que Jean-Marc Labrunette atterrit au CAVAC Bas-Saint-Laurent en janvier 1999, après avoir travaillé à l’Auberge du cœur pendant quelques années. Étant alors le seul intervenant pour couvrir un très grand territoire, Jean-Marc fait beaucoup de route pour aller à la rencontre de la clientèle. Le CAVAC Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine n’existant pas à l’époque, il doit également à l’occasion se rendre dans la région voisine pour assurer le service.
Au fil des années, différents points de service voient le jour, l’équipe s’agrandit et les déplacements deviennent moins fréquents pour Jean-Marc. Il a donc davantage de temps à consacrer à l’intervention, pour développer des pratiques et mettre en oeuvre des programmes, mais également pour s’impliquer sur des tables de concertation et échanger avec les partenaires. Et ces partenaires, ils sont très précieux.
« Dans une petite région, tout le monde se connait. On a une belle proximité qui facilite beaucoup le travail de collaboration et qui est bénéfique pour la clientèle », précise-t-il.
Jean-Marc accompagne donc les personnes victimes d’actes criminels et leurs proches du Bas Saint-Laurent depuis plus de 23 ans. Quand on lui demande ce qui a le plus changé dans son travail depuis son arrivée, il répond sans hésiter que c’est la professionnalisation du métier. Avec le temps, la reconnaissance grandissante envers la profession et l’ajout de ressources, l’agent d’intervention dit avoir été en mesure d’offrir un accompagnement beaucoup plus complet et moins sporadique.
« La prise en charge devient alors de plus en plus longue dans le temps et couvre l’ensemble du processus judiciaire à partir de la dénonciation policière. J’ai eu l’impression de pouvoir en faire plus avec la clientèle. »
C’est d’ailleurs dans une démarche de professionnalisation que Jean-Marc retourne aux études pour compléter un baccalauréat en travail social en 2016 et devenir membre de l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.
Il est aujourd’hui très fier de faire partie du Réseau des CAVAC, dont l’expertise est reconnue et la crédibilité n’est plus à bâtir. La place centrale accordée aux intervenant.es du CAVAC au sein du tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et violence conjugale en témoigne, selon lui. Mais par-dessus tout, Jean-Marc est fier de constater la différence qu’il peut faire avec de petits gestes, de petites paroles dans la vie des personnes victimes qu’il accompagne.
Sophie Bergeron, coordonnatrice à l’implantation du tribunal spécialisé pour le Réseau des CAVAC
Un nouveau défi après 20 ans !
Bachelière en criminologie, Sophie Bergeron débute sa carrière en 1999 en délinquance féminine à la Maison Thérèse-Casgrain de Montréal. Même si elle constate bien souvent que les femmes auprès desquelles elle intervient ont été victimes, son rôle ne lui permet pas de s’y attarder.
Quelques années plus tard alors que la vie la mène à Drummondville, elle soumet sa candidature, sans trop d’attentes, pour le poste de directrice générale du tout nouveau Centre d’aide aux victimes d’actes criminels Centre-du-Québec. À sa surprise et du haut de ses 27 ans, Sophie est nommée à la tête de l’organisme en 2003. Aux commandes du dernier des CAVAC au Québec à ouvrir ses portes et où tout est à faire !
« J’avais une table, une chaise, pas d’ordinateur, pas d’équipe. Simplement un gros volume intitulé « Gestion d’un CAVAC », se souvient-elle avec le sourire.
S’en suivent deux à trois années de démarchage, de discussions avec les partenaires, de promotion de services, mais aussi de suivi psychosocial auprès de la clientèle… jusqu’à ce que son horaire de directrice générale de lui permette plus de le faire.
« J’ai fait des études et des formations, mais ce sont les personnes victimes qui m’ont enseigné comment faire mon travail. »
Ce sont ces mêmes personnes victimes qui ont, aux yeux de Sophie et bien d’autres, permis un tournant dans l’offre de service au Québec avec le mouvement #moiaussi. Leurs prises de parole étant à l’origine d’une prise de conscience collective et d’une volonté politique d’en faire plus pour les personnes victimes. Une volonté qui se traduit notamment aujourd’hui par l’implantation de tribunaux spécialisés en matière de violence sexuelle et violence conjugale.
À l’automne 2022 et après plus de 19 ans comme directrice générale du CAVAC Centre-du-Québec, Sophie accepte justement de relever un nouveau défi professionnel dans le cadre de ce grand chantier. Elle devient coordonnatrice du tribunal spécialisé pour le Réseau des CAVAC.
Elle travaille donc avec l’équipe mise sur pied par le ministère de la Justice et chargée de le concrétiser. Elle participe aux réflexions, partage l’expertise CAVAC, s’assure que le projet corresponde à la réalité de ses collègues, mais aussi qu’il s’arrime bien avec l’offre de services existante.
Ses nouvelles fonctions de coordonnatrice lui permettent de voyager aux quatre coins de la province pour visiter les CAVAC qui accueillent des projet-pilotes. Elle y découvre différentes réalités, différents enjeux, certes, mais y constate toujours le même engagement, la même passion et le même professionnalisme de la part des équipes. Des observations qui l’inspirent et la rendent fière de faire partie du beau grand Réseau des CAVAC.